Histoire de la mouette
La Mouette...
Coquillier-caseyeur de 1939, la Mouette est construite à Camaret au chantier Gourmelon pour le compte de Tanguy Kerjan de Vourc’h. Ce sloup pêchait les crustacés dans la mer d’Iroise et plus tard draguait également dans la rade de Brest.
Construite avant l’ère de la motorisation, ces formes sont le témoin d’une époque, celle des voiliers purs.
La Mouette, l’un des plus anciens navires de la rade de Brest, a derrière elle une longue histoire de passion et de travail sur les côtes inhospitalières du Finistère Nord. Tout d’abord caseyeur basé à Porspoder, puis coquillier-caseyeur de Saint-Pabu et de la rade de Brest, elle est coulée pour échapper aux tourments de la guerre, avant d’être restaurée et revenir au Conquet armée à la plaisance. Au bout d’une dizaine d’années de services dévoués elle est laissée sur la grève du Conquet.
C’est un coup de coeur qui la sauve. L’association Tri Martolod fait d’elle le sujet d’une restauration élaborée en 1995. Grâce à cette nouvelle vie que lui offre l’association, elle est en état de rejoindre la flottille croissante des bateaux traditionnels bretons, en pleine résurgence suite au succès des premières fêtes maritimes de Brest et de Douarnenez. Pendant presque 25 ans elle s’inscrit pleinement dans le patrimoine du littoral, et suscite l’admiration des spectateurs, lors des rassemblements de vieux gréements.
Durant cette carrière, la fatigue se fait sentir peu à peu ; elle a besoin de quelques travaux plus approfondis dans le cadre de la sécurité à bord. Seulement, suite à la crise sanitaire, elle se voit mise à l’échouage sur la grève du Conquet en attendant des soins.
Les subventions et actions tardent à venir et, ne pouvant plus naviguer, sa vie dynamique s’arrête.
L’arrosage des sorties en mer, pourtant si nécessaire aux bateaux en bois, cède la place au soleil et aux vents. Le temps et les éléments font leur travail, elle se voit réduite rapidement à un état semblable à celui d’après guerre. Maintenant, elle est en demande désespérée de soins urgents.
Sa colonne vertébrale fatiguée d’une dure vie de travail, ses côtes desséchées par le soleil, la coque rongée par le passage perpétuel des marées. Elle risque de perdre ses formes d’origine, dernière descendante d’une longue lignée de bateaux de travail bretons. Modelée par la manière de vivre, la culture et les besoins d’une communauté aujourd’hui disparue, la Mouette porte tout une histoire dans ses lignes… Ses formes particulières à la construction camarétoise font d’elle l’une des dernières représentantes de la pêche locale en mer d’Iroise ; un arrière très serré, le flèche peu apiqué, une tonture basse et élégante.
Au fond du Conquet une coque repose, silencieusement, sur le sable et nous raconte une longue et belle histoire à travers les années. Cette histoire s’efface un peu plus chaque jour. Le silence total la menace.
Mais la Bretagne n’est pas prête d’en faire son deuil. Les amoureux des bateaux, les charpentiers de la région et les départements bretons ont répondu à son appel. Avec leurs soutiens, la voix de la Mouette sera entendue par les générations à venir.